• RESUME:

    Oldi, créateur de ce blog, se trouve à Trouperdu et passe des vacances, n'ayons pas peur des mots, de merde. Pour ceux qui viennent d'arriver, sachez qu'il a dû affronter en vrac: un fast-food à 200 euros le repas, des indigènes hostile, un lac glauque, une maison pourrie, un monastère de moines guerriers, une cascade naturelle artificielle et un sandwich-puzzle à monter soi-même, le Ravensburger. Entre autres. Cette journée a-t'elle été meilleure? Réponse ci-dessous...

    Eh oui, tout le monde se demande, cette journée a-t'elle été meilleure? Hahaha. Me faites pas rire j'ai les lèvres gercées.

    Eh oui, vomme il fallait s'y attendre, journée de merde. Laissez-moi vous raconter.

    Tout d'abord, j'ai failli ne pas sortir de ma maison. Comme je n'ai eu que des ennuis, je pensais que rester chez moi m'épargnerais ce genre d'embêtements. Mais, je l'ai déjà dit, je suis un grand optimiste. Donc je suis parti. Mais quel con.

    Cette fois, j'avais décidé de me rabattre sur un endroit peu exotique mais très intéressant: l'usine Toupour-Lépeton, la plus grande fabrique au monde de... pantoufles. Oui, je sais, c'est faible mais on n'a que ça.

    L'usine était très impressionnante. Elle était aussi très bizarre; le plus étrange était sans doute l'épaisse fumée verte qui s'échappait des cheminées. Bon. On fait avec.

    C'était la jouréne porte ouvertes, mais il n'y avait pas beaucoup de monde, en réalité on était 5: un gosse grassouillet, un autre qui jouait à la game boy, une horrible petite peste, une autre qui mâchait du chewing-gum, et moi. J'avais l'impression d'avoir déjà vu ça quelque part. Bizarre. Mais notre guide était encore plus bizarre.

    Il avait un chapeau haut-de-forme hideux, un smocking de mauvais goût et une canne horrible.

    - Bonjour, je m'appelle Willa Wonky. Je suis le directeur de la pantouflerie, suivez-moi je vous prie.

    D'abord, on est entrés dans une pièce remplie de pantoufles, et il y avait une rivière de corde qui s'étalait à terre. La petit gros est tombé dedans: il voulait de la ficelle pour se déloger le bout de barre céréalière qui lui encombrait les dents depuis la veille. Ensuite, j'ai rien compris: il s'est fait aspirer dans un tuyau pendant que des nains atroces chantaient une chanson si horrible que même un groupe de hard-rock aurait demandé grâce. Je crois que c'était un rêve finalement. Et ça me faisait penser à un film récent, mais je sais plus lequel...

    Ensuite, nous sommes allés dans la salle des inventions, où il y avait d'autres nains, des Ampoos-Lampoos, qu'ils s'appelaient, et d'autres modèles de pantoufles. Il y avait des modèles extraordinaires: des pantoufles pour femmes (plus petites à l'extérieur qu'à l'intérieur) des pantoufles-hobbits (qui faisaient pousser des touffes de poils sur les pieds façon Frodon) et surtout des pantoufles-caméléon, qui s'adaptaient en pointure, en couleur, en taille et en forme à la personne qui les portait. Mais elles n'étaient pas au point: la mâcheuse de gomme les a testées, et elle s'est changée en pantoufle. C'était assez rigolo, de voir son visage devenir comme un tissus écossais, puis de voir son corps s'aplatir en semelle. Accident industriel. Mais les nains ont encore poussé la chansonnette, ils avaient vraiment rien d'autre à foutre...

    Mais la suite était encore plus bizarre. La petite peste s'est faite enlever par des écureuils. Le game-boyeur s'est fait téléviser... non, je raconte pas, c'est idiot... et à la fin, le guide louche, Willa Wonky, m'a dit que j'avais gagné un concours.

    Mais moi, j'en avais marre. Je lui ai exprimé mes pensées: je lui ai dit que je ne comprenais pas, qu'il me faisait peur, qu'il maltraitait les enfants, qu'il portait un costume hideux, qu'il engageait des nains idiots aux chansons atroces, et que je suis poli mais qu'il aille se faire foutre.

    Il n'a rien trouvé à dire. Je suis reparti en rogne. Cette usine c'est du n'importe quoi! Région de cinglés, va!

    J'ai passé l'après-midi à faire la sieste. En me réveillant, j'avais envie de chocolat. Allez savoir pourquoi.


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  • RESUME:

    Voilà maintenant 3 jours qu'Oldi, créateur de ce blog, passe des vacances de cauchemar à Trouperdu. Ses deux premières journées ont été catastrophiques... et la troisième? Voir ci-dessous.

    Bonjour à tous! Autant le dire tout de suite: ma troisième journée n'a pas du tout fait disparaître une certaine animosité envers cette région. Pourquoi? Vous allez tout de suite le savoir.

    Tout d'abord, ce matin, j'ai eu du mal à organiser mon planning. Au sud du lac Apoulquaud où se trouve ma maison sur piloti (sans "s"), on trouve Trouperdu, qui m'a laissé un très mauvais souvenir. Au nord, l'ex-monastère Hixéob-hélix, qui ne m'a pas franchement convaincu non plus. Je devais à tout prix éviter ces fous furieux et me trouver une nouvelle destination à l'est ou à l'ouest. Puis, j'ai enfin trouvé une destination sympathique: la cascade Lylamauve, à quelques kilomètres. Dire que j'avais espéré que les choses soient à peu près normales...

    Le matin, à 11 heures, j'arrivai à la cascade. Je ne la voyais que de loin, mais elle était déjà fort sympathique; pas franchement exceptionnelle, mais, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, le glouglou de l'eau est toujours très apaisant. L'idéal pour oublier mes soucis des jours précédents. Que je croyais. Che coglione je fais. (1)

    Je me dirigeai vers elle, quand soudain un panneau particulier retint mon attention.

    CASCADE LYLAMAUVE. TARIE DE 11H45 A 12H30 ET DE 18H A 7H45.

    Comment une cascade pouvait-elle être tarie à certains moments de la journée?! Je cherchais des solutions quand soudain un bonhomme m'adressa la parole.

    - Je peux vous aider, monsieur?
    - Mmh? Oui, je me posais des questions... je regardais vos horaires d'ouverture et...
    - Ce ne sont pas des horaires d'ouverture, ce sont des horaires de tarissage.
    - Justement, c'est ça que je ne comprends pas...
    - C'est à cause des robinets.
    - Des QUOI?!
    - Des robinets! Comment la cascade coule-t'elle, à votre avis?
    - C'est une cascade artificielle?!
    - Non... disons qu'un jour, c'était il y a 5 ans je crois, le maire de Diablevauvert, la commune à laquelle cette forêt appartient, cherchait une solution pour doper le tourisme... un jour, il se promenait ici, puis il s'est dit "vouah! Ce serait l'endroit idéal pour une cascade!" Alors, on s'est cotisés, et ouala!
    - Mais pourquoi ces horaires de fermeture?
    - Ben, vous savez, l'eau est chère dans la région... alors, la nuit et pendant les pauses déjeuner, on coupe les robinets. Y'a pas de raison que l'eau coule si elle sert à rien, hein?
    - Une cascade artificielle! Je suis curieux de voir ça... c'est par ici?
    - Oui, mais...
    - D'accord, j'y vais!
    - Hep hep hep! Pas si vite! Il va falloir payer!
    - Comment ça?
    - L'entrée est payante, P-A-Y-A-N-T-E. Vous pensez bien que malgré le fait qu'on coupe l'eau, la facture reste lourde!
    - Bon, bon, c'est combien?
    - C'est écrit juste derrière vous.

    - .......................

    - C'EST QUOI CA?!?!
    - Les tarifs d'entrée. C'est écrit dessus.
    - 150 EUROS L'ENTREE?! C'EST N'IMPORTE QUOI!!! Les cascades sont donc si rares dans la région?!
    - Les cascades, non. Les touristes, oui.
    - CA N'A PAS DE NOM UN TEL PROCEDE!!!!
    - Si, si... un touriste anglais est venu avant-hier, et il a appelé ça "racket" ou quelque chose comme ça.
    - Vous pouvez vous la garder, votre cascade! C'est honteux! Vous êtes une vraie crapule!
    - Vous me flattez! A vot' service, msieur!

    Je suis reparti bien remonté. Avec tout ça, je m'étais égosillé, je n'ai rien vu... et je commençais à avoir faim. J'étais trop loin pour rentrer chez moi... heureusement, en face du parking, il y avait un restaurant. C'était un petit resto sans prétention. Le plus étrange était sans doute son nom: au-dessus de l'entrée s'étendait une étrange expression: "ma tête Mickey". Bon. Après ce que j'ai vu durant ces deux derniers jours, je ne m'étonnai plus de rien. Je haussai les épaules et entrai.

    A l'intérieur, tout était calme. Peut-être était-ce dû à l'absence de clients. Un haut-parleur solitaire diffusait une musique d'ascenseur et la caissière semblait endormie à son comptoir. Un serveur s'approcha de moi.

    - Vous désirez?
    - Euh... tout d'abord, une table.
    - Je peux même vous les donner toutes.
    - Une, ça ira, merci.

    Je m'installai. Le serveur me dit de patienter jusqu'à ce qu'il se prépare. En effet, cinq minutes plus tard, il était déjà plus accueillant. Enthousiasmé, j'engageai la conversation.

    - C'est un joli restaurant.
    - Ouais, j'en suis le chef... on a essayé de recréer une ambiance de "Phastfoude" pour attirer les clients. Même le nom.
    - Tiens, oui, à propos, ce nom... je n'ai pas compris.
    - Moi non plus, je ne comprends pas. Y'a plein de restos qui marchent avec ça pourtant...
    - Comprends pas...
    - C'est simple: je voulais faire comme dans un phastfoude, mais j'ai changé les noms pour ne pas être accusé de plagiat. Y'a plein de phastfoudes qui s'appellent "ma queue Donald". Alors mon restaurant, je l'ai appelé "ma tête Mickey".
    - ..............
    - Enfin, passons... que désirez-vous?
    - Ah, oui... un verre d'eau, et avec... vous avez quoi, comme plats?
    - Comme dans les phastfoudes... cheeseburger, hamburger, maxiburger...
    - Vous n'avez pas de spécialité locale?
    - Si, bien sûr!
    - Alors, donnez-moi de ça.

    Je suis un grand optimiste. Je crois que les surprises sont toujours bonnes. J'aurais dû me méfier. Le serveur m'apporta une assiette avec un steak, de la salade, du fromage et de la tomate. Dans des petites corbeilles à part se trouvaient le ketchup, la mayonnaise et le pain.

    - C'est quoi ça?!
    - C'est notre spécialité locale: un sandwich en kit. On le fait soi-même comme ça on est sûr qu'on va aimer.
    - C'est nul!!! C'est un vrai puzzle!!! Et comment ça s'appelle?!
    - Justement. Comme c'est un puzzle, je l'ai baptisé le Ravensburger.

    A contrecoeur, je mitonnai mon sandwich. Pas vraiment pratique. Mais le pire restait à venir.

    - Alors, monsieur, c'était bon?
    - Oui, oui... j'aurais aimé éviter de le faire moi-même...
    - Monsieur, c'est vous qui avez dem...
    - Oui, je sais, je sais... c'est combien?
    - 200 euros.
    -...............
    - Monsieur?
    - MAIS QUELLE ARNAQUE!!!!!
    - C'est à cause de la concurrence, monsieur.
    - LES RESTAURANTS NE SONT PAS RARES ICI!!!!
    - Les restaurants, non. Les...
    - LES TOURISTES, OUI!!! JE SAIS!!!!
    - Bon, fini la rigolade. On paye maintenant!

    Bien évidemment, j'ai dû payer. Je n'étais pas allé voir la cascade, mais là, j'avais mangé, je ne pouvais pas tout rendre! Adieu, 200 euros...

    J'étais si dégoûté que je n'ai rien fait durant l'après-midi. Espérons que demain sera une meilleure journée. Allez, salut tout le monde...

     

    (1) "Che coglione" signifie "quel couillon". Cette phrase est historique: un jour où Louis XVIII était acclamé par une foule en délire, elle fut prononcée à l'égard du souverain par un petit garçon qu'on allait appeler plus tard... Napoléon.


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  • RESUME:

    Oldi, créateur de ce magnifique blog, passe des vacances à Trouperdu, et autant dire que pour l'instant ça ne se passe pas très bien. Maison prête à s'écrouler à tout instant, ambiance glauque... bref rien de très gai. Hier, après avoir fait connaissance avec les habitants de Trouperdu (qu'il a dû fuir à cause de leur fâcheuse habitude de pendre les touristes), Oldi regarde ce qu'il pourrait faire... cette journée s'est-elle mieux passée? La réponse tout de suite...

    Bonjour à vous, chers internautes! Ma journée d'aujourd'hui était... comment dire? Comme celle d'hier. L'enfer quoi. Laissez-moi vous expliquer.

    Ce matin, j'ai voulu organiser ma journée, et j'ai aperçu un site intéressant: le monastère Hixéob-hélix, un peu au nord du lac Apoulquaud. Pourquoi avoir choisi ça, me direz-vous? Eh bien sachez que cet endroit est intéressant sur 3 points: premièrement, il n'est pas trop loin. Deuxièmement, j'adore tout ce qui se rapporte à l'architecture, et troisièmement, il se trouve au nord du lac Apoulquaud, et comme le village de Trouperdu se trouve au sud, j'ai beaucoup de chances d'éviter ces fous furieux de Trouperdois qui veulent me pendre à tout prix. Bref, l'idéal. Aussitôt pris-je mon sac à dos avec fougue et partis-je. (putain j'écris bien!)

    Deux heures plus tard, j'arrivai au monastère (30 minutes de taxi; 1h30 pour en trouver un) et je fus impressionné. Cet édifice pour le moins imposant se dressait sur un étroit piton rocheux et semblait à lui tout seul défier le ciel d'un air fougueux et conquérant (qu'est-ce que c'est beau! Houlà faut que j'arrête là...). C'était en même temps un endroit très coquet, avec de petits toits verts un peu surprenants mais qui donnaient une agréable touche esthétique à l'ensemble. Bref, tout allait bien. Jusqu'à ce que je fasse la connaissance des moines.

    Après avoir monté les escaliers (5267 marches!!!!!!!!!!!!!!!) j'arrivai au perron devant l'imposante bâtisse. Un moine vint à ma rencontre. Il me souhaita la bienvenue et m'invita à entrer.

    On aurait dit que rien n'avait évolué depuis le moyen-âge. Les moines menaient la même vie sans repos comme à l'époque des Cadfael. Mon guide fut très aimable. Jusqu'à ce que je lui parle.

    - C'est vraiment très joli!
    - Merci! Vous savez, on a déjà dû le rénover des centaines de fois...
    - Ah bon? Pourquoi?
    - A vrai dire, on...

    Il fut interrompu par une violente explosion. Je me plaquai contre le sol et attendis que le nuage de fumée se disperse. Quand je me suis relevé, j'ai eu un choc. Le couloir où nous venions de passer n'existait plus. A la place, il y avait un trou béant, fumant encore, tandis que des corbeaux hagard s'approchaient.

    - Voilà pourquoi! Vous comprenez maintenant?

    A vrai dire, je ne comprenais pas. Il restait aussi tranquille que s'il ne s'était rien passé.

    - C'était QUOI, ça?!
    - Oh, ça? Faites pas attention...
    - J'AI QUAND MÊME LE DROIT DE SAVOIR PAR QUOI J'AI FAILLI ÊTRE PULVERISE!!!!
    - C'était un missile Trouperdois. Qu'est-ce qu'ils s'acharnent!
    - UN MISSILE?!
    - Oui... c'est une vieille tradition. Ca doit bien dater de 800 après JC, une histoire de schisme ou un truc comme ça... toujours est-il que les Trouperdois et le moines vivant ici ne peuvent pas se blairer. Bien sûr, au début on se battait plus avec des arcs et des flèches, mais les choses ont évolué depuis...
    - Vous voulez dire que vous vous tapez sur la gueule de puis 1200 ans?!
    - Oui, au début c'était pour des raisons politiques mais c'est devenu une tradition... et puis nous faisons ça dans les règles de l'art: les mois pairs, c'est nous qui attaquons, les mois impairs c'est Trouperdu. Vous savez, on est déjà le 27. Je me demandais quand ils allaient attaquer. Parce que s'ils abandonnaient cette vieille coutume, là ce serait vraiment la révolution.
    - Mais vous allez tous mourir!!!
    - Oui, mais dans l'honneur! Vous permettez, il faut que j'aille au département de l'armement... maintenant qu'on sait que Trouperdu continue la partie, il faut qu'on prépare notre riposte! A vous, je peux le dire: nous avons une toute nouvelle arme, capable de raser toute une maison sans laisser de traces. Elle n'est pas encore très stable, disons qu'il faut encore l'empêcher de faire se fissurer la planète jusqu'au noyau. Allez, je vous laisse! A moins que vous ne vouliez assister aux essais?
    - NON!!! Non! Euh... sans façons! Je... je dois y aller!
    - C'est vous qui voyez! Allez, bonnes vacances!

    Moi, qui ne suis pas un grand sportif, je me suis surpris à descendre les escaliers à une vitesse environ 20 fois supérieure à celle que j'avais déployée pour monter.

    Comment les gens peuvent-ils se taper sur la gueule comme ça?! C'est à n'y rien comprendre... les Trouperdois et les moines du monastère Hixéob-hélix sont tous aussi dingues les uns que les autres... à mon avis, ce conflit durera encore longtemps.

    Oups! J'oubliais... à l'issue de ma course marathonienne, à peine étais-je arrivé en bas de la montagne qu'à son sommet, le monastère explosa dans une immense déflagration. Pas au point, l'arme. En tout cas, je crains que la dernière attaque des Trouperdois ne connaisse pas de riposte.


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  • RESUME:

    Oldi, créateur de ce blog, a décidé de prendre des vacances dans le village de Trouperdu. Hier, il a vécu sa première journée de vacances et celle-ci était plutôt mauvaise. Un endroit à l'écart de toute civilisation, un guide fumeux, un lac brumeux, des araignées géantes et une maison sur un seul piloti risquant de tomber dans le lac à tout instant, on peut dire que la première impression n'était pas vraiment enthousiasmante. Voyons donc la suite...

    Bonjour à tous! Je vais donc vous raconter ma première journée, qui ne fut vraiment pas terrible... tout d'abord, vous pensez bien que j'ai eu du mal à dormir. Je rappelle aux nouveaux arrivants que ma maison sur piloti - sans "s" à piloti - risque de tomber si les charges ne sont pas réparties également par rapport au centre de gravité. Ce qui fait qu'à chaque bruit, je me réveillais en sursaut, prêt à plier bagages avant que l'habitation ne sombre. Ma peur ne se calma pas le matin, quand le propriétaire de la maison, Jean Haideux-Hédébel, m'appela par téléphone. Je lui reprochai tout d'abord d'avoir filé à l'anglaise le jour précédent, mais il détourna habilement le sujet pour me prévenir qu'il arrive que le téléphone et l'électricité ne marchent pas à cause des araignées argentées du lac Apoulquaud qui, parfois, sans raison précise, rongent les fils. Je lui dis ce que je pensais de sa maison branlante mais il clôt la conversation en annonçant que je n'avais pas à avoir peur car la maison ne s'écroulait que tous les 6 ans. Mais il dit ensuite que la dernière fois c'était pendant la tempête de 99 avant de raccrocher précipitamment. Je sais pas s'il a dit ça pour rire. Je préfère penser que oui.

    Mais j'ai ensuite décidé d'oublier mes soucis et d'organiser mon planning. Tout en feuilletant le Guide touristique de Trouperdu, par Jeanne Hémaclak-Jeumkasse, éditions de l'Insoutenable, je préparais ma jourée: je pourrais aller visiter Trouperdu, ou bien me promener dans la forêt de Comin-Piqué, ou bien encore aller déguster dans la ville de Exilania les célèbres Schtroungelblopffs qui ont fait sa réputation. Mais après avoir organisé ma journée, je me trouvais de nouveau face à mes problèmes: mon guide avait emporté la seule barque permettant de rejoindre le rivage. J'étais tellement exaspéré par ma mauvaise nuit que j'avais complètement oublié de lui parler de ce point. Finalement, en fouillant dans le débarras, j'ai trouvé les instruments nécessaires pour me bricoler un radeau. Et, à ma grande satisfaction, j'ai réussi à quitter ma maison sur piloti et à regagner la terre ferme. J'ai failli en chialer.

    Mais les ennuis continuaient. Tout d'abord, mon petit bricolage avait marché mais le temps nécessaire à sa réalisation - sans compter le fait que je me suis perdu dans les brumes du lac - avait complètement bousillé mon planning question horaires. Je décidai donc de me rabattre sur une activité courte: visiter le village de Trouperdu situé tout près. Après tout, mieux valait connaître les environs avant de me lancer dans de grandes expéditions.

    Après 20 minutes de marche, j'arrivai enfin au village de Trouperdu. Un joli ch'tit village, maisons médiévales typiques, petites rues étroites, bref un bien bel endroit. Mais deux choses me surprirent: la présence d'un curieux objet sur la place du village, que je n'arrivai pas à identifier, et surtout la cruelle absence de touristes. Je décidai de me renseigner auprès des autochtones. Cruelle erreur que j'allais regretter amèrement.

    - Bonjour!
    - Ponchour, mchieur!
    - C'est un bien beau village, ici!
    - Cha pour chûr, ch'est un peau fillage!
    - Un fillage?! Ah... euh, oui, il y a beaucoup de touristes ici?
    - Ah non, cha on peut pas tire que ch'est la foule...
    - Comment ça se fait?
    - Ch'est la coutume qui feut cha! Che crois que les touristes n'appréchient pas trop nos habitutes...
    - Pourquoi?
    - On a une coutume, typique tu fillage de Troupertu: quand un touriste vient, on lui offre l'hochpitalité...
    - Ben, c'est bien!
    - Enchuite, on lui offre un pon repas...
    - Parfait!
    - Et enchuite, on lui tonne une femme à marier!
    - Hein?! Et s'il refuse?! Ou s'il est déjà marié?!
    - Ah, cha ch'est très embêtant, et ch'est churtout très vexchant pour les hapitants. Alors pour les punir on ch'en téparasse!

    Il montra du doigt l'objet inconnu, et je l'identifiai aussitôt. Il s'agissait d'un modèle très perfectionné de potence permettant de pendre 12 personnes en même temps. Je constatai avec horreur que certaines avaient été utilisées récemment. Les salauds. Ils s'étaient bien retenus de parler de ça dans le guide.

    - Mais, tites-moi mon très cher... fous ne chemblez rien connaître de Troupertu, fous ne cheriez pas un tourichte, par hajard?
    - HEIN?! Non, je... Che suis un habitant de Troupertu! Un choyeux chitoyen, oui! Che voulais chuchte férifiér que vous chaviez!
    - HEY LES AMINCHES!!! Y'A UN TOURICHTE ICHI!

    Aussitôt, tous les habitants du village cessèrent leurs activités. Le boucher appuya sur le bouton stop de sa machine à découper le jambon. Deux voisines qui bavardaient avec fougue s'arrètèrent aussitôt et même la poissonière arrêta de découper le poisson. Avec une parfaite et effrayante synchronisation, tous s'avancèrent vers moi, me faisant des propositions.

    - Un tourichte! Cha faijait longtemps!
    - Fenez donc manger chez moi, monchieur!
    - Fenez, che vous tonne ma fille en épouche!!!

    Je m'enfuis en courant. Etonnés, les habitants ne réagirent que tardivement. J'avais une longueur d'avance. Je me précipitai vers le lac à une vitesse olympique. Arrivé sur la berge, j'ai vu avec satisfaction qu'ils avaient abandonné la poursuite.

    J'ai passé le reste de la journée cloîtré chez moi. Je ne ressortirai que demain.

    Je passerai par l'autre côté du lac. C'est un sacré détour.

    Mais je serai tranquille.


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  • Bonsoir à tous. Je ne suis pas d'humeur, car la première journée de mes vacances ne s'est pas passée comme prévu. J'ai vu la maison que je dois habiter et elle est... comment dire... spéciale. Mais mieux vaut tout commencer depuis le début.

    Le voyage en train était particulièrement pénible, ce qui fait qu'en arrivant à la gare de Plaindmoustik-sur-Monparbriz, ma bonne humeur s'était déjà envolée. Le voyage était long et surtout particulièrement ennuyeux, alors pour passer le temps j'ai relu le message que M. Jean Haideux-Hédébel m'avait envoyé pour me décrire la maison. Au passage, j'ai remarqué une faute: la maison était "sur piloti", sans S à pilotis. Tant pis.

    Après une heure de taxi, je suis enfin arrivé au bord du lac Apoulquaud. Peut-être était-il beau, j'en sais rien, une brume masquait toute sa surface et de toute façons j'avais d'autres préoccupations. Rendez-vous compte: j'étais avec tous mes bagages à l'écart de toute civilisation alors que la nuit commençait à tomber. Pour passer le temps, j'ai fait des ricochets. Après une trentaine de lancers plus ou moins réussis, j'ai enfin déniché LA pierre parfaite. Légèrement arrondie, plate comme une figue, légère, agréable à prendre dans la main... je me suis préparé, et... j'ai tout loupé car une voix derrière moi m'a effrayé.

    - Si j'étais vous, je ne ferais pas ça.

    Après avoir vu ma pierre parfaite tomber dans l'eau avec un triste floc, je me suis retourné et j'ai aperçu mon homme, Jean Haideux-Hédébel.

    Il était tout à fait normal, mis à part ses habits. Il était vêtu d'un smocking deux fois trop petit qui laissait apparaître des chaussettes à rayures, et portait un chapeau haut-de-forme démodé depuis déjà 150 ans environ. Il faut croire qu'en tant que fermier, il avait décidé de me mettre à l'aise en adoptant des coutumes qui étaient selon lui citadines. Eh ben c'était loupé. Mais j'ai évité de remarquer son attitude et ai répondu à son ordre.

    - Pourquoi? Les ricochets n'ont jamais fait de mal à personne.
    - Ici, c'est différent; vous avez de la chance. Vous auriez pu les déranger.
    - Déranger qui?
    - Les araignées. Les araignées argentées du lac Apoulquaud.

    Sur le coup, je n'ai rien répondu. Je cherchais la caméra. Mais j'ai vu ensuite qu'il était sérieux.

    - Des araignées?
    - Oui. Elles ne vivent que dans ce lac. Elles vivent au fond, vous avez de la chance, vos ricochets minables n'ont pas dépassé de trop le rivage. Mais à l'avenir, si vous tenez à la vie, évitez de faire tomber quelque chose dans le lac... elles sont très rancunières.

    Inutile de dire que j'étais un peu mal à l'aise. Mais j'ai préféré changer de sujet.

    - Hem... oui... vous me montrez la maison?
    - Ah, oui, la maison... suivez-moi...

    Il m'a amené jusqu'à une barque et m'a invité à monter à bord. J'étais de moins en moins rassuré. Encore heureux qu'il ne m'ait pas fait ramer. Nous avons avancé pendant une éternité - je crois. J'étais de plus en plus stressé: la brume estompait tout. Impossible de dire si nous nous trouvions en plein milieu du lac ou à 10 mètres du rivage. Je n'osais rien dire, j'avais trop peur... et si ce type était un tueur en série?! On ne sait jamais... j'avais tellement peur que je claquais des dents sans m'en rendre compte. Mais Jean Haideux-Hédébel, lui, l'a remarqué et m'a lancé d'un air hargneux:

    - Faites donc moins de bruit! Les araignées vont entendre!
    - Non mais dites donc! C'est pas ma faute! Ca arrive à tout le monde de se tromper! Même à vous!
    - Comment ça?
    - Dans votre message, là... il manquait le S à "pilotis"! C'est honteux!
    - Ce n'est pas une faute...

    Je me suis tu. Il avait un sourire qui me mettait mal à l'aise. J'avais une certaine appréhension.

    Appréhension justifiée.

    La brume se dissipa et je pus apercevoir, au milieu du lac, une maison sur piloti. Sans s. En effet, un minuscule poteau soutenait tout l'ensemble et l'habitation semblait prête à plonger dans le lac à tout instant. Evidemment, j'ai protesté...

    - HEY!!! Y'avait pas ça dans le dépliant!!!
    - Bin quoi? Vue sur le lac, comme promis, originalité assurée... et pour la solitude, vous allez être servi. Allez, on descend, dit-il en désignant la petite échelle de corde menant à l'habitation. Passez en premier.

    L'intérieur de la maison était assez coquet, mais regorgeait de détails incongrus - en tant que petit-fils, arrière-petit-fils et arrière-arrière-petit-fils d'architecte, je sais de quoi je parle. Le lit était au milieu du salon. La cuisine s'arrangeait autour de la baignoire et le chauffage côtoyait les toilettes.

    - C'est quoi comme maison?! C'est tout désordonné...
    - Mais pas du tout! C'est par rapport au centre de la maison... vous savez, pour qu'elle tombe pas... c'est mon ancêtre qui a eu l'idée... vous savez, à l'époque où les impôts payés étaient proportionnels à la surface au sol que la maison...
    - Attendez, attendez! Que voulez-vous dire par "pour qu'elle ne tombe pas"?!
    - Ah? Oui, c'est logique... c'est très fragile, vous savez. Dès qu'on place un objet dans un endroit de la maison, il faut en placer un autre dans le coin opposé, pour rétablir l'équilibre, sinon tout se casse la figure... je vous conseillerais donc de bien égaliser vos affaires lorsque vous vous installerez, et de ne pas rester trop longtemps en un endroit éloigné du centre de gravité. Evitez aussi si possible de trop bouger pendant votre sommeil. Ah, j'oubliais, voici l'ordinateur demandé. Entrez, entrez!

    L'ordinateur en question était vieux. Très vieux. A l'époque où la miniaturisation n'était pas au point. Le disque dur occupait tout un mur de la pièce et tout était poussiéreux à faire se suicider les asthmatiques.

    - C'est une antiquité ce truc!!! En plus il doit peser trois tonnes!
    - C'est pour ça qu'on a placé la baignoire et la chaudière à l'opposé...
    - Il date de Mathusalem!!!
    - Oui, mais il marche! Je l'ai repéré dans un vieux conteneur à ordures du KGB, pendant la guerre 39-45... une nuit mes amis et moi on a tout piqué et...
    - Oui, oui, merci. Je suis fatigué, je voudrais me reposer...
    - Mais bien sûr... houlà! Ca fait un bout de temps que nous sommes ici!! Retournez à la cuisine et n'en bougez plus que lorsque le niveau à bulle sur le mur sera horizontal...

    Je me suis précipité et j'ai attendu. Quand je suis revenu, mon guide s'était éclipsé. Je dois vous avouer que je m'attendais pas trop à ça, mais peut-être que ces vacances seront bien... allez, à demain...

    PS: j'ai rien dit. Je viens de me rendre compte que mon guide est parti en emportant avec lui la seule barque de la baraque.


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