• Vacances à Trouperdu - la maison de mes cauchemars

    Bonsoir à tous. Je ne suis pas d'humeur, car la première journée de mes vacances ne s'est pas passée comme prévu. J'ai vu la maison que je dois habiter et elle est... comment dire... spéciale. Mais mieux vaut tout commencer depuis le début.

    Le voyage en train était particulièrement pénible, ce qui fait qu'en arrivant à la gare de Plaindmoustik-sur-Monparbriz, ma bonne humeur s'était déjà envolée. Le voyage était long et surtout particulièrement ennuyeux, alors pour passer le temps j'ai relu le message que M. Jean Haideux-Hédébel m'avait envoyé pour me décrire la maison. Au passage, j'ai remarqué une faute: la maison était "sur piloti", sans S à pilotis. Tant pis.

    Après une heure de taxi, je suis enfin arrivé au bord du lac Apoulquaud. Peut-être était-il beau, j'en sais rien, une brume masquait toute sa surface et de toute façons j'avais d'autres préoccupations. Rendez-vous compte: j'étais avec tous mes bagages à l'écart de toute civilisation alors que la nuit commençait à tomber. Pour passer le temps, j'ai fait des ricochets. Après une trentaine de lancers plus ou moins réussis, j'ai enfin déniché LA pierre parfaite. Légèrement arrondie, plate comme une figue, légère, agréable à prendre dans la main... je me suis préparé, et... j'ai tout loupé car une voix derrière moi m'a effrayé.

    - Si j'étais vous, je ne ferais pas ça.

    Après avoir vu ma pierre parfaite tomber dans l'eau avec un triste floc, je me suis retourné et j'ai aperçu mon homme, Jean Haideux-Hédébel.

    Il était tout à fait normal, mis à part ses habits. Il était vêtu d'un smocking deux fois trop petit qui laissait apparaître des chaussettes à rayures, et portait un chapeau haut-de-forme démodé depuis déjà 150 ans environ. Il faut croire qu'en tant que fermier, il avait décidé de me mettre à l'aise en adoptant des coutumes qui étaient selon lui citadines. Eh ben c'était loupé. Mais j'ai évité de remarquer son attitude et ai répondu à son ordre.

    - Pourquoi? Les ricochets n'ont jamais fait de mal à personne.
    - Ici, c'est différent; vous avez de la chance. Vous auriez pu les déranger.
    - Déranger qui?
    - Les araignées. Les araignées argentées du lac Apoulquaud.

    Sur le coup, je n'ai rien répondu. Je cherchais la caméra. Mais j'ai vu ensuite qu'il était sérieux.

    - Des araignées?
    - Oui. Elles ne vivent que dans ce lac. Elles vivent au fond, vous avez de la chance, vos ricochets minables n'ont pas dépassé de trop le rivage. Mais à l'avenir, si vous tenez à la vie, évitez de faire tomber quelque chose dans le lac... elles sont très rancunières.

    Inutile de dire que j'étais un peu mal à l'aise. Mais j'ai préféré changer de sujet.

    - Hem... oui... vous me montrez la maison?
    - Ah, oui, la maison... suivez-moi...

    Il m'a amené jusqu'à une barque et m'a invité à monter à bord. J'étais de moins en moins rassuré. Encore heureux qu'il ne m'ait pas fait ramer. Nous avons avancé pendant une éternité - je crois. J'étais de plus en plus stressé: la brume estompait tout. Impossible de dire si nous nous trouvions en plein milieu du lac ou à 10 mètres du rivage. Je n'osais rien dire, j'avais trop peur... et si ce type était un tueur en série?! On ne sait jamais... j'avais tellement peur que je claquais des dents sans m'en rendre compte. Mais Jean Haideux-Hédébel, lui, l'a remarqué et m'a lancé d'un air hargneux:

    - Faites donc moins de bruit! Les araignées vont entendre!
    - Non mais dites donc! C'est pas ma faute! Ca arrive à tout le monde de se tromper! Même à vous!
    - Comment ça?
    - Dans votre message, là... il manquait le S à "pilotis"! C'est honteux!
    - Ce n'est pas une faute...

    Je me suis tu. Il avait un sourire qui me mettait mal à l'aise. J'avais une certaine appréhension.

    Appréhension justifiée.

    La brume se dissipa et je pus apercevoir, au milieu du lac, une maison sur piloti. Sans s. En effet, un minuscule poteau soutenait tout l'ensemble et l'habitation semblait prête à plonger dans le lac à tout instant. Evidemment, j'ai protesté...

    - HEY!!! Y'avait pas ça dans le dépliant!!!
    - Bin quoi? Vue sur le lac, comme promis, originalité assurée... et pour la solitude, vous allez être servi. Allez, on descend, dit-il en désignant la petite échelle de corde menant à l'habitation. Passez en premier.

    L'intérieur de la maison était assez coquet, mais regorgeait de détails incongrus - en tant que petit-fils, arrière-petit-fils et arrière-arrière-petit-fils d'architecte, je sais de quoi je parle. Le lit était au milieu du salon. La cuisine s'arrangeait autour de la baignoire et le chauffage côtoyait les toilettes.

    - C'est quoi comme maison?! C'est tout désordonné...
    - Mais pas du tout! C'est par rapport au centre de la maison... vous savez, pour qu'elle tombe pas... c'est mon ancêtre qui a eu l'idée... vous savez, à l'époque où les impôts payés étaient proportionnels à la surface au sol que la maison...
    - Attendez, attendez! Que voulez-vous dire par "pour qu'elle ne tombe pas"?!
    - Ah? Oui, c'est logique... c'est très fragile, vous savez. Dès qu'on place un objet dans un endroit de la maison, il faut en placer un autre dans le coin opposé, pour rétablir l'équilibre, sinon tout se casse la figure... je vous conseillerais donc de bien égaliser vos affaires lorsque vous vous installerez, et de ne pas rester trop longtemps en un endroit éloigné du centre de gravité. Evitez aussi si possible de trop bouger pendant votre sommeil. Ah, j'oubliais, voici l'ordinateur demandé. Entrez, entrez!

    L'ordinateur en question était vieux. Très vieux. A l'époque où la miniaturisation n'était pas au point. Le disque dur occupait tout un mur de la pièce et tout était poussiéreux à faire se suicider les asthmatiques.

    - C'est une antiquité ce truc!!! En plus il doit peser trois tonnes!
    - C'est pour ça qu'on a placé la baignoire et la chaudière à l'opposé...
    - Il date de Mathusalem!!!
    - Oui, mais il marche! Je l'ai repéré dans un vieux conteneur à ordures du KGB, pendant la guerre 39-45... une nuit mes amis et moi on a tout piqué et...
    - Oui, oui, merci. Je suis fatigué, je voudrais me reposer...
    - Mais bien sûr... houlà! Ca fait un bout de temps que nous sommes ici!! Retournez à la cuisine et n'en bougez plus que lorsque le niveau à bulle sur le mur sera horizontal...

    Je me suis précipité et j'ai attendu. Quand je suis revenu, mon guide s'était éclipsé. Je dois vous avouer que je m'attendais pas trop à ça, mais peut-être que ces vacances seront bien... allez, à demain...

    PS: j'ai rien dit. Je viens de me rendre compte que mon guide est parti en emportant avec lui la seule barque de la baraque.


  • Commentaires

    1
    adely
    Mardi 26 Juillet 2005 à 00:01
    j'arrive pause séquence !
    j'arrive a temps pour voir ça en léger différé lol
    2
    adely
    Mardi 26 Juillet 2005 à 00:08
    j\'arrive pause séquence !
    j\'arrive a temps pour voir ça en léger différé lol
    3
    Mardi 26 Juillet 2005 à 00:18
    tu as besoin ...
    d'un contrepoids de 50 kg ? je suis la si besoin. Oldi je t'admire tu as une telle imagination enfin peut etre que c'est bien réel tout ça ? en tout cas ya du suspense a revendre et meme la fatigue ne m'a pas empechée de lire jusqu'au bout ! une fois de + bravo et merci ...moi ma série ? c'est "oldi" lol !pas besoin de xfiles ou " des vacances de l'amour" ! ya "oldi "!
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    4
    Oldi
    Mardi 26 Juillet 2005 à 14:32
    Bah oui
    Je sais pas si c'est "Oldi" ta série de l'été, en tout cas on peut être sur qu'avec ce qui va se passer on pourra faire un film là-dessus... oups tu permets faut que je retourne à la cuisine, à force de rester à l'ordinateur ma maison est en train de pencher dangereusement faut que j'te laisse tchao!!!
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