• Vacances à Trouperdu - journal d'un rescapé de guerre

    RESUME:

    Oldi, créateur et créature de ce blog, passe des vacances peu agréables à Trouperdu. Qu'a-t'il donc fait aujourd'hui? Voyez en dessous...

    Bonjour à tous! La journée d'aujourd'hui n'était pas seulement chiante, elle était aussi stressante. Laissez-moi vous expliquer.

    Si vous êtes un(e) habitué(e), vous devinez ce qui a pu m'arriver. Si vous venez d'arriver, je vais résumer: j'ai loué une maison sur un seul piloti au milieu du lac Apoulquaud. Cette situation fait que cette maison risque de tomber dans le lac si les charges ne sont pas bien réparties. Ensuite, ce lac est peuplé d'horribles bestioles: les araignées argentées du lac Apoulquaud (voir glossaire). Si vous n'avez pas envie d'ouvrir cette page (paresseux, va) je vais vous en parler. En gros, ces araignées sont immenses, carnivores, ont un jet d'acide qui leur sort de la bouche et sont de plus très inesthétiques. Bon point: elles ne se manifestent pas si on ne les dérange pas. Mauvais point: je les ai dérangées. En effet, hier, j'ai oublié les recommandations de mon guide et ai balancé un gâteau dégueulasse par dessus-bord - or ces araignées DETESTENT qu'on jette quelque chose dans leur lac. Je me suis couché en espérant qu'elles avaient le sommeil lourd.

    Ce matin, j'ai découvert qu'elles n'avaient PAS le sommeil lourd.

    Sous l'effet du stress, je n'arrivais pas à dormir - c'est, finalement, ce qui m'a sauvé la vie. Aux environs de 2 heures du matin, j'ai entendu un bruit provenant de la fenêtre. Je me suis levé d'un bond, saisissant au passage mon courage à une main et ma lampe de poche de l'autre et j'ai éclairé en quatrième vitesse la dite fenêtre. Et elle était là.

    Elle était comme toutes les araignées: crocs luisants, pattes poilues, yeux noirs et cruels, normal quoi. Mais elle faisait plus de 40 cm d'envergure. Et surtout, elle n'était pas seule.

    Peu à peu, j'ai entendu des grattements provenir de toutes les parois de la maison. J'ai compris qu'au-dehors, des centaines de ces bestioles escaladaient ma maison sur piloti sans "s", cherchant un moyen d'entrer. Aparamment, elles n'ont pas aimé le Schtroungelblopff que je leur ai envoyé. Remarque, je les comprends.

    La langue française est très riche. Par exemple, il existe des tas de synonymes pour les mots courants. Prenons le mot "crétin". On peut aisément le remplacer par d'autres expressions, des gentilles comme "bêta" ou "simplet", des plus méchantes comme "débile" ou "abruti", ou bien des carrément désagréables comme "pauvre con" ou encore " t'es vraiment qu'un putain de connard".

    Tout ça pour finalement vous dire que je ne savais pas lequel de ces adjectifs utiliser pour me qualifier lorsque je me suis rendu compte que j'avais laissée ouverte la fenêtre de la chambre d'amis.

    Bien évidemment, je me suis précipité. En entrant, j'ai découvert qu'une bonne douzaine d'araignées argentées en avait fait de même. Au passage, je crois avoir battu un record: je n'en ai pas sous la main, alors veuillez vérifier vous-même dans le Guiness Book le record d'ouverture-cri-fermeture de porte: j'ai fait 0,08 secondes. Remarque, les araignées sont très rapides elles aussi: j'ai claqué la porte puis je me suis rendu compte que j'avais coupé la patte de l'une d'entre elles. C'était juste. Bon. une patte en moins. A raison de 8 gambettes par tête de pipe, ça fait encore plus de 1200 pattes à couper (approximativement: j'avais autre chose à faire que compter).

    Mais, bien que j'ai soigneusement organisé ma position défensive, j'étais dans une sale situation: j'étais seul face à des centaines de bestioles qui ne me lâcheraient pas tant que je ne serais pas découpé en petit morceaux de 100 grammes chacun.

    Après une phase de calme plat, les choses se sont accélérées: aux environs de 3 heures du matin, la maison a commencé à bouger dans tous les sens. Les araignées s'énervaient. C'est sûr que si vous aviez une faim de loup et que vous aviez en face de vous un bon gros rôti de boeuf enfermé dans un coffre-fort, vous deviendriez complètement chtarbé. Toutefois, si cela devrait vous arriver, les araignées auraient tout de même un avantage sur vous: les coffres-forts ne sont pas fragiles. Ma maison, si. Et c'est là le problème.

    J'avais condamné la porte d'entrée et les fenêtres; mais il restait toujours des bestioles dans la chambre d'amis, au premier. Or, il se trouve qu'à force de gratter à la porte, les araignées avaient entaillé certaines parties et j'ai constaté avec effarement des fissures laissant apercevoir leurs figures hargneuses. J'étais dans une très, très, très mauvaise situation. 1)les araignées allaient bientôt passer. 2)le seul moyen que j'ai de les faire stopper risque de faire s'écrouler ma maison sur piloti sans "s". Bon. Je tentai le coup. Tant qu'à mourir, que ce soit dans l'honneur.

    Comme je l'avais prévu, les araignées passèrent la porte. Comme je l'avais prévu, elles se ruèrent dans le couloir. Et comme je l'avais prévu, le choc de ces multiples pattes martelant le plancher fit choir l'étagère que j'avais préalablement décrochée de son mur natal. Huit bestioles furent écrabouillées dans un splatch peu ragoûtant; cinq autres furent prises de surprise, et toutes celles qui restaient se heurtèrent aux cinq précédentes qui, sous le choc, avaient stoppé leur course. Je profitai de cet effet de surprise pour fermer à double tour la porte du couloir, tout en faisant coulisser la commode devant la porte en question.

    MAIS...

    Comme je l'avais deviné mais néanmoins pas espéré, la maison, sous le choc de l'étagère croulante, avait fortement penché. Tandi qu'un grincement effroyable se faisait entendre, tous les objets de l'habitation glissaient à présent vers moi, qui étais acculé entre la porte fermée et un frigo menaçant qui se déplacait lentement vers une pauvre victime à écrabouiller - en l'occurance, MOI. Ma seule solution était de rétablir le centre de gravité. D'un bond, j'évitai l'engin électroménager, et cvourai à l'autre bout de la maison. On se serait cru pendant le naufrage du Titanic. Je me blotissai dans le coin de la maison opposé aux araignées et attrapai le fil du frigo, qui, heureusement, était vide (la gastronomie de la région n'est pas terrible). Le poids de l'engin redressa la maison, et il me suffit de déplacer quelques autres bibelots pour que l'ahitation redevienne calme.

    Mais l'accalmie fut de courte durée. Les araignées, remises de ce ballet un peu étrange, avaient repris du poil de la bête et grattaient frénétiquement la porte. J'étais en mauvaise posture. Cette porte était mon dernier rempart contre ces araignées. Si elle cédait, j'étais foutu. Paniqué, je cherchai envain un moyen de les arrêter, pulvérisant de l'insecticide entre les charnières de la porte, donnant des coups sur celle-ci pour effrayer mes agresseurs, et cherchant dans le Guide touristique de Trouperdu un moyen de les vaincre, mais tout ce qu'il y avait à "araignées argentées" était une brève description de leur physique, leur mode de vie, leur mode de reproduction, bref rien d'intéressant (j'ai cru être sauvé en voyant qu'il y avait une rubrique "que faire face à des araignées argentées?" mais cette rubrique contenait seulement des exemples pour bien rédiger son testament ainsi que le texte intégral du Notre-Père).

    La porte commençait à céder. Les fenêtres se craquelaient. La porte d'entrée se fracassa. Dire que j'allais mourir sans même avoir une dernière volonté (personnellement, j'ai toujours voulu me mettre du rouge à lèvres, danser tout nu sur un pied devant la maison-blanche et me teindre les cheveux en rose, en vert et en bleu). Dans une effrayante synchronisation, toutes les araignées se ruèrent sur moi.

    Et d'un seul coup, il se passa quelque chose d'inattendu et d'assez rigolo.

    La maison avait vécu des heures très difficiles: sous l'effet de cette ruée subite, elle n'a pas supporté et craqua, moralement et physiquement. Accroupi par terre, attendant la mort le visage dans les mains, je n'ai rien vu de ce qui est arrivé; je suppose simplement que la maison s'est proprement divisée en quatre sous l'action des ruées indépendantes provenant du couloir, de la porte d'entrée et des deux fenêtres. Toujours est-il que j'ai entendu un énorme craquement, suivi d'un grand SCHBLOUFFF puis d'un silence angoissant. M'apprêtant déjà à voir Saint Pierre me sourire en me tendant la main, j'ai ouvert les yeux et ai aperçu le spectacle qui s'offrait à moi. Le hasard voulût que je me trouve en plein centre de la maison au moment de l'assaut, et que je fus épargné. Tout ce qui restait de la maison était le piloti, surmonté d'un bout de plancher de moins d'un mètre carré sur lequel je me trouvai. Dans l'eau, les araignées argentées se débattaient, coincées entre le sol et le plafond qui s'était effonfré, tentant de nager entre les débris de planches et, pour certaines, s'empalant sur des morceaux de bois un peu trop pointus, teintant ainsi l'eau d'une plutôt désagréable teinte verdâtre. Tandis que le soleil envisageait éventuellement le projet de l'hypothèse de l'aube de se lever, je marchai sur les planches pour rejoindre ma barque, frappant au passage les araignées tentant de s'agripper à moi avec une pelle miraculeusement rescapée du désastre.

    Le soleil terminait de se lever quand j'arrivai sur les berges du lac. J'avais perdu beaucoup de choses dans cet écroulement mais je ressentai néanmoins un sentiment d'intense satisfaction pour avoir été le premier être humain à survivre à une attaque des araignées argentées du lac Apoulquaud.

    N'ayant plus d'endroit où me loger, c'est donc ici que se terminent mes vacances à Trouperdu. L'année prochaine, pour mes vacances, je prendrai quelque chose de plus simple. La côte d'azur, par exemple. Y'a du monde qui va là-bas, mais au moins je serai tranquille.

    Adios les excentricités.

    PS: pour ceux qui désirent me voir mettre du rouge à lèvres, danser tout nu sur un pied devant la maison-blanche et me teindre les cheveux en rose, en vert et en bleu, sachez qu'il s'agissait là de DERNIERES VOLONTES et que ce n'est pas la peine de me supplier sachant que je n'ai pas l'intention de réaffronter des araignées argentées de sitôt. Non mais.


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