• Tour, trou, détour, tourments

    RESUME DES EPISODES PRECEDENTS:

    Toujours dans le but de contrer la fameuse malédiction météoritique, Oldi et son compagnon Kaito concoctent une potion magique, dont trois ingrédients sont particulièrement difficiles à trouver. Le premier, un champignon rarissime, a été acquis avec du sang, des larmes, mais avec succès. Le temps est venu de s'occuper du second...


     

         Une petite route de campagne, un matin ensoleillé... une voiture roulait, seule, sur cette route à peine goudronnée, un chemin massacreur de pneus comme ceux qui font le charme des coins perdus de notre beau pays, ainsi que la joie des tueurs en série à la recherche de victimes innocentes à étriper dans la joie, l'allégresse et une cave humide. Cette voiture, donc, transportait deux personnages. Mais quels personnages! Depuis peu explorateurs de sous-sols, tueurs d'insectes mangeurs de livres et braveurs de dangers de chapelles high-tech, Oldi et Kaito(1) quittaient à présent la région de la forêt Goley pour aller chercher le second composant principal de la mixture anti-blâme spatial.

         - Et d'un, dit joyeusement Oldi en contemplant, à travers la lumière orangée filtrant du pare-brise, le rarissime bolet Rodravel si durement acquis.
         - Regarde la route, arrête de trop parler et tiens le volant ou on va finir dans le décor!!! gémit Kaito à Oldi qui avait insisté pour conduire le véhicule.
         - Rooooooooh, c'est bon! reprit Oldi en jetant sur la banquette arrière la moisissure azurée et regardant (du coin de l'oeil) la bande de macadam bosselé qui serpentait vers le lointain. En tout cas, ça fait déjà un ingrédient à trouver en moins. Pour le second, ce sera facile...
         - RLRADTPETLVOOVFDLD(2) , dit Kaito. Aussi facile que le champignon, c'est ça? Et c'est quoi comme ingrédient?
         - De la poudre d'os de boîte cranienne de cyclope méditerranéen.
         - ...ben voyons! C'est simplissime! Sinon, y'a quoi comme ingrédients? Quoi? Une tomate? Mon Dieu, en trouvera-t'on?!
         - Oui, je sais, ce n'est pas le genre de substance qu'on trouve au supermarché du coin. Surtout que, à mon souvenir, les cyclopes n'ont jamais existé?! Enfin bref... Heureusement, notre bon ami le mage Hédépargne était déjà au courant de la rareté de cette substance. Il raconte dans son livre qu'il n'en avait que quelques centaines de grammes, qu'il gardait précieusement dans trois petits coffrets d'argent qu'il emportait toujours avec lui. Il raconte également qu'à la fin de son existence, sentant la vie le quitter, il a pris soin de cacher ces précieux petits coffrets dans des lieux connus quasiment de lui seul. Le premier, il l'a mis dans un bateau en partance pour les Indes, confié aux petits soins d'un capitaine de ses amis - mais je me suis renseigné, le bateau a coulé peu après, et étant donné que l'argent flotte relativement mal, on peut en conclure que cette poudre est perdue pour de bon... le second coffret, il l'avait enterré dans une forêt près de chez lui, au pied d'un chêne antédiluvien. Mais ce chêne était dans une zone qui a beaucoup souffert de la tempête de 1999, croire que cet arbre est encore debout serait d'une stupidité qui ferait mourir de rire tout arboriculteur un tant soit peu sérieux.
         - RLRADTPETLVOOVFDLD. Mais comme tu as parlé de facilité, je suppose que le troisième coffret est plus facile à trouver?
         - Bonne intuition! Hédépargne l'a caché dans la maçonnerie de la tour d'un moulin, qui faisait également auberge et dans lequel il passait parfois la nuit lorsqu'il voyageait. Et j'ai cherché dans mon guide: ce moulin existe encore! Il a même été classé monument historique... et, avant que tu ne poses la question, NON, il n'y a aucune trace de système de sécurité vicieux pour le protéger. On aura juste à fouiller un peu pour le trouver!
         - Bien, RLRADTPETLVOOVFDLD. Et il est où, ce moulin?
         - En pleine campagne, à quelques kilomètres du village de Fygurpa-sur-lacarte. On y sera dans une heure!

         Et une heure plus tard (environ, hein!), après avoir garé leur véhicule tant bien que mal dans un emplacement réservé aux vaches à cet effet, les deux compagnons badaudaient allègrement dans un paysage aussi vert qu'un bureau de vote aux USA.(3) Quelques minutes de marche à pied revigorante suffirent au duo pour arriver au lieu tant recherché, celui dont les honorables pierres dissimulaient, qui l'eût cru? la rarissime substance magique, le célèbre moulin Haparaule. Enfin, là où aurait dû se trouver le moulin Haparaule...

         En tant que fidèle de ce site, vous devez être habitué à ce genre de rebondissements, non? Bref, le moulin n'était pas là. Ou plutôt, il n'était plus là... à la place, il y avait un trou. Un cratère, même. Oh! Non, pas de ces cratères météoritiques, armageddonesques et saurusides, ou même Enaïen; il s'agissait d'une dépression dans le terrain, d'une bonne quinzaine de mètres de diamètre tout de même. Le moulin, et son précieux coffret, avaient disparu. Mais quand? Comment? Où? En tout cas, les hautes herbes recouvrant le fond du cratère prouvaient bien que l'évènement ne datait pas d'hier. Mais pour le reste, il semblait n'y avoir aucun indice permettant d'expliquer de manière logique et rationnelle l'évanouissement brutal d'un ancien moulin à vent. Heureusement, comme chaque revers a sa médaille, et par un énorme coup de bol il faut le dire, toutes les informations concernant la dissipation architecturale étaient résumées sur un petit pannonceau bordant le trou artificiel, sur lequel Oldi et Kaito se jetèrent dès qu'ils se rendirent compte de sa présence...

         - Non, je rêve! cria Kaito. Il a été... acheté!!
         - Acheté? Par qui?
         - Il y a marqué son nom... Augustin Thymmilou...
         - Augustin Thymmilou...

         - AUGUSTIN THYMMILOU, commença à lire Oldi. Suite à leur expédition échouée pour récupérer la précieuse poudre, lui et son compagnon avaient foncé à Fygurpa-sur-lacarte, pour y trouver un cybercafé permettant de faire des recherches sur ce mystérieux acheteur de ruines. Un milliardaire excentrique, fan d'archéologie, de paléontologie... bref, de toutes les vieilleries précieuses. On ne sait pas grand-chose sur son enfance, qu'il a eue comme un gagnant du loto... enfin, je ne veux pas dire qu'il était déjà plein aux as, mais qu'il a vécu à la campagne avec des poules. Par la suite, il s'est lancé dans le garagisme, puis, moins glorieux, dans la plantation de drogue -un spécialiste de l'arbre à came, donc, ha ha!- ensuite, il a...
         - Abrège un peu! s'impatienta Kaito. Qu'est-ce qu'il a fait de la tour?
         - Attends, j'y arrive... sorti de prison, il a fait fortune en... oh non, quel culot!
         - Qu'est-ce qu'il a fait?
         - Il a... déposé le brevet de la roue!
         - Noooooooooooooooooon?!
         - Il faut croire que si. Au début, personne ne voulait le prendre au sérieux, mais il a argumenté, avec un certain bon sens, que ce brevet na'avit jamais été déposé... et apparamment, un peu de drogue restante lui a suffi pour corrompre les huissiers et se voir attribuer la paternité de cette invention. Depuis, que ce soit les fabricants de voitures ou les vendeurs de skateboards, il reçoit un pourcentage sur tout ce qui a une ou plusieurs roues: chaises à roulettes et chaises roulantes, caddies de supermarché et caddies de vieilles dames, patinettes et patins à roulettes... même les brouettes de gosses lui rapportent de l'argent! Inutile d'aller cherche plus loin d'où lui vient sa fortune... Ah! Voilà qui est encore plus intéressant: un article complet sur sa passion pour l'archéologie... écoute ça: Augustin Thymmilou se passionne, entre autres, pour tous les vieux bâtiments. Sa spécialité: parcourir le monde à la recherche de pièces pour sa collection. Oh regarde, c'est bien ça! Il y a là la liste complète de ses acquisitions, et le moulin Haparaule y figure! Juste entre la ziggourat iranienne et la maison du Machu Picchu! Raaah, je savais que j'aurais dû acheter un autre guide et bazarder celui que j'avais sur moi, publié en 1983! Bon, que disent-ils encore... lorsqu'il voit une ruine qui lui plaît, il la fait démonter pierre par pierre pour la reconstruire dans son immense villa, en...
         - ...en...?
         - ...holàlà! Fais tes bagages! On part pour la Bretagne!

         LA BRETAGNE! Terre de légende! Pic, cap, péninsule, digne du nez de Cyrano! La Bretagne, le vent, la bruine vivifiante, les éclairs de Saint-Malo et le tonnerre de Brest, le Mont-Saint-Michel (Euh, non. Enfin, oui. Enfin, je sais pas trop, les Bretons que je connais se montrent assez susceptibles sur ce sujet), les vieilles églises de pierre et les menhirs datant de l'âge, de pierre, également, les massifs d'hortensias (des hortensias massifs), le Gwenn Ha Du, les coiffes originales ou ridicules selon les cas, les vieilles bigotes anti-pirates de la pub Tipiak, le patois ignoble appelé "Breton" qui pourrait faire le sujet principal d'un film qui détrônerait facilement Bienvenue chez les Ch'tis du podium cinématographique, les marées capricieuses, les fars bretons, les phares bretons, le cidre (pour cidrater la gorge) et bien sûr les crêpes, les kouigns, les galettes et autres cochonneries surcaloriques, assez bonnes pour figurer en excellente place dans les livres de gastronomie, et assez mauvaises pour faire grincer des dents les diététiciens du monde entier par simple évocation de la première syllabe de leur nom. Pour ceux qui l'ignoreraient, la Bretagne est une péninsule de l'ouest de la France, entre la Manche et l'océan atlantique. À la fin de l'Empire romain, elle est peuplée par l'immigration massive de Bretons insulaires dans une partie de l'ancienne Armorique celte. Ceux-ci créent un royaume au IXe siècle, qui devient ensuite un duché. Elle devient en 1532 une « province réputée étrangère » unie à la France sous la même couronne jusqu'à sa disparition administrative en 1790 et sa division en cinq départements : les Côtes d'Armor, le Finistère, l'Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique, le Morbihan, et je m'arrête là parce que si je continue à copier-coller Wikipédia ça va finir par se remarquer.

         Sous une légère pluie (la pluie, en Bretagne, est une spécialité locale. D'ailleurs, à la météo, ne parle-t'on pas toujours d'un "front de pluie qui nous vient de la Bretagne"? Toutefois, selon un proverbe local, dans cette région, il ne pleut que sur les cons. La Bretagne m'a toujours beaucoup plu.), une voiture aux essuie-glace réglés sur la vitesse "guépard amphétaminé" roulait à flanc de falaise à une vitesse terrifiante, à tel point qu'on raconte dans les petits nuages du Paradis que les anges gardiens des deux personnages sis dans la dite voiture se seraient mis à boire.

         - RLRADTPETLVOOVFDLD!!
         - Ca va, du calme! C'est pas comme s'il faisait moche! Ah, le croisement: donc à droite c'est vers Salulémec, et à gauche vers la villa de ce cher Augustin. Donc, on se présente à la porte comme deux étudiants en histoire faisant un exposé sur la vie du meunier moyen à la Renaissance, on demande à examiner quelques-unes de ses oeuvres, dont la fameuse tour, on tâtonne le moulin, on trouve le coffret, et si le sieur Augustin refuse de nous le laisser emporter, on s'arrangera pour le chaparder discrètement. Simple, non?
         - Certes, répondit Kaito qui avait provisoirement ouvert la fenêtre pour débagouler son kouign amann de tantôt. Et s'il ne nous laisse pas entrer?
         - Beuh... on improvisera.

         Malheureusement, l'improvisation n'était guère de mise pour pénétrer dans le domaine archi-surveillé d'Augustin Thymmilou: comme toutes, ou du moins la grande majorité, des personnes riches, ce monsieur Thymmilou avait développé un égocentrisme et une peur des voleurs qui confinaient à l'agoraphobie. C'est bien simple, étant capable de se payer des domestiques pour tout et n'importe quoi, il ne quittait quasiment plus sa villa. Et quelle villa! La forteresse du sieur Augustin, bâtie sur un piton rocheux près d'une falaise à pic fouettée sans pause par les vagues hystériques, dégageait à peu près autant de sympathie au touriste lambda que le portail d'entrée de Guantanamo. Grise et menaçante, l'énorme habitation jurait autant avec le paysage que Guy Carlier en Ethiopie et donnait à quiconque osait s'en approcher l'impression nette que ce ne serait pas en ces murs que l'on trouverait gîte et repos. Impression, hélas! confirmée par vos deux héros. Pour vous donner une idée du faible taux d'aguichance du lieu, voici, en intégralité et sans aucune retouche, le dialogue qui se fit à l'entrée du bâtiment:

         - Îîîîîîî...
         - Bonjour! Nous sommes...
         - VLAM!!!!! (4)

         Bon, dit Oldi. Je pense que nous devrons trouver une autre méthode.

         (PS: oui, je sais, cet article est relativement court - surtout par rapport au précédent! Mais, je vous rassure, le suivant sera beaucoup plus consistant ^^)

        

        

    (1) A ce stade-là, j'espère au moins que vous aviez reconnu de qui je parlais, sinon c'est vraiment à douter de mon talent littéraire.

    (2) Ici, Kaito dit une seconde fois "Regarde la route, arrête de trop parler et tiens le volant ou on va finir dans le décor!!!". Mais comme cela est assez contraignant d'écrire toute l'expression à chaque fois, je l'ai abrégée. Dans la suite du dialogue, vous n'avez qu'à remplacer mentalement chaque apparition de cet acronyme par sa signification.

    (3) Oui, cela peut sembler bizarre, mais aux USA, les bureaux de vote sont peints en vert. En tout cas, c'est ce que j'ai entendu aujourd'hui à la radio: ils parlaient de la campagne présidentielle d'Hillary Clinton, et j'ai entendu distinctement la présentatrice commencer son reportage par: "Aux Etats-Unis, les bureaux de vote sont tout verts". J'avoue que je l'ignorais. On en apprend tous les jours...  mais cette information me plonge tout de même dans une grande perplexité. Cela me semble en effet étrange, car, outre le fait que l'inesthétisme flagrant d'un bureau de vote peint en cette couleur du sol au plafond ne m'encouragerait personnellement guère à remplir mon devoir de citoyen, il faut bien se rendre compte qu'il n'y a pas de vert sur le drapeau américain. Alors, quid? Des bureaux de vote verts seraient, par exemple, plus logiques en Lybie, dont le drapeau est aussi vert que Jean-Pierre Coffe après ingestion d'un MacDeluxe (encore que je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup d'élections présidentielles en Lybie). Bref, je suis dubitatif, j'accepte toute information supplémentaire concernant ce sujet.

    (4) Et encore: j'ai rajouté les bruitages de la porte. Une porte est en général peu loquace, mais il fallait vraiment donner un peu de consistance à ce dialogue.


  • Commentaires

    1
    Kaito
    Mercredi 23 Avril 2008 à 01:31
    Enfin !!!
    LA SUITE EST LA XD COMME JE LE SENTAIS !!! ENJOY ENJOY !!!
    2
    Pelinore
    Samedi 26 Avril 2008 à 22:02
    Bravo
    vive oldi !
    3
    Lundi 28 Avril 2008 à 23:11
    Enfin, elle est là!
    Youpi tralala dzoum dzoum, coin coin piou etcaetera, la suite est là!
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    4
    Lundi 28 Avril 2008 à 23:12
    Enfin, elle est là!
    Youpi tralala dzoum dzoum, coin coin piou etcaetera, la suite est là!
    5
    Lundi 28 Avril 2008 à 23:12
    Oups, désolé
    Désolé pour le doublon, j'ai eu un bug
    6
    Mardi 29 Avril 2008 à 22:15
    Ben...
    ...merci pour les comms! ^^ Je vais essayer de faire la suite un peu plus rapidement mais avec le boulot que j'ai en ce moment je promets rien... pour ceux que ça intéresse, en attendant, je vous conseille d'aller voir sur mon compte DeviantArt, y'a quelques nouveautés (PS: Kaito, fais pas le malin, tu sais autant que moi que tu as triché sur tes intuitions à la "Allison Dubois" concernant la sortie de mon article XD)
    7
    Kaito
    Mardi 29 Avril 2008 à 22:45
    Peuh !!
    Si on peut même plus avoir une intuition incroyable...
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