• RESUME:

    Oldi, créateur de ce blog, a décidé de prendre des vacances dans le village de Trouperdu. Hier, il a vécu sa première journée de vacances et celle-ci était plutôt mauvaise. Un endroit à l'écart de toute civilisation, un guide fumeux, un lac brumeux, des araignées géantes et une maison sur un seul piloti risquant de tomber dans le lac à tout instant, on peut dire que la première impression n'était pas vraiment enthousiasmante. Voyons donc la suite...

    Bonjour à tous! Je vais donc vous raconter ma première journée, qui ne fut vraiment pas terrible... tout d'abord, vous pensez bien que j'ai eu du mal à dormir. Je rappelle aux nouveaux arrivants que ma maison sur piloti - sans "s" à piloti - risque de tomber si les charges ne sont pas réparties également par rapport au centre de gravité. Ce qui fait qu'à chaque bruit, je me réveillais en sursaut, prêt à plier bagages avant que l'habitation ne sombre. Ma peur ne se calma pas le matin, quand le propriétaire de la maison, Jean Haideux-Hédébel, m'appela par téléphone. Je lui reprochai tout d'abord d'avoir filé à l'anglaise le jour précédent, mais il détourna habilement le sujet pour me prévenir qu'il arrive que le téléphone et l'électricité ne marchent pas à cause des araignées argentées du lac Apoulquaud qui, parfois, sans raison précise, rongent les fils. Je lui dis ce que je pensais de sa maison branlante mais il clôt la conversation en annonçant que je n'avais pas à avoir peur car la maison ne s'écroulait que tous les 6 ans. Mais il dit ensuite que la dernière fois c'était pendant la tempête de 99 avant de raccrocher précipitamment. Je sais pas s'il a dit ça pour rire. Je préfère penser que oui.

    Mais j'ai ensuite décidé d'oublier mes soucis et d'organiser mon planning. Tout en feuilletant le Guide touristique de Trouperdu, par Jeanne Hémaclak-Jeumkasse, éditions de l'Insoutenable, je préparais ma jourée: je pourrais aller visiter Trouperdu, ou bien me promener dans la forêt de Comin-Piqué, ou bien encore aller déguster dans la ville de Exilania les célèbres Schtroungelblopffs qui ont fait sa réputation. Mais après avoir organisé ma journée, je me trouvais de nouveau face à mes problèmes: mon guide avait emporté la seule barque permettant de rejoindre le rivage. J'étais tellement exaspéré par ma mauvaise nuit que j'avais complètement oublié de lui parler de ce point. Finalement, en fouillant dans le débarras, j'ai trouvé les instruments nécessaires pour me bricoler un radeau. Et, à ma grande satisfaction, j'ai réussi à quitter ma maison sur piloti et à regagner la terre ferme. J'ai failli en chialer.

    Mais les ennuis continuaient. Tout d'abord, mon petit bricolage avait marché mais le temps nécessaire à sa réalisation - sans compter le fait que je me suis perdu dans les brumes du lac - avait complètement bousillé mon planning question horaires. Je décidai donc de me rabattre sur une activité courte: visiter le village de Trouperdu situé tout près. Après tout, mieux valait connaître les environs avant de me lancer dans de grandes expéditions.

    Après 20 minutes de marche, j'arrivai enfin au village de Trouperdu. Un joli ch'tit village, maisons médiévales typiques, petites rues étroites, bref un bien bel endroit. Mais deux choses me surprirent: la présence d'un curieux objet sur la place du village, que je n'arrivai pas à identifier, et surtout la cruelle absence de touristes. Je décidai de me renseigner auprès des autochtones. Cruelle erreur que j'allais regretter amèrement.

    - Bonjour!
    - Ponchour, mchieur!
    - C'est un bien beau village, ici!
    - Cha pour chûr, ch'est un peau fillage!
    - Un fillage?! Ah... euh, oui, il y a beaucoup de touristes ici?
    - Ah non, cha on peut pas tire que ch'est la foule...
    - Comment ça se fait?
    - Ch'est la coutume qui feut cha! Che crois que les touristes n'appréchient pas trop nos habitutes...
    - Pourquoi?
    - On a une coutume, typique tu fillage de Troupertu: quand un touriste vient, on lui offre l'hochpitalité...
    - Ben, c'est bien!
    - Enchuite, on lui offre un pon repas...
    - Parfait!
    - Et enchuite, on lui tonne une femme à marier!
    - Hein?! Et s'il refuse?! Ou s'il est déjà marié?!
    - Ah, cha ch'est très embêtant, et ch'est churtout très vexchant pour les hapitants. Alors pour les punir on ch'en téparasse!

    Il montra du doigt l'objet inconnu, et je l'identifiai aussitôt. Il s'agissait d'un modèle très perfectionné de potence permettant de pendre 12 personnes en même temps. Je constatai avec horreur que certaines avaient été utilisées récemment. Les salauds. Ils s'étaient bien retenus de parler de ça dans le guide.

    - Mais, tites-moi mon très cher... fous ne chemblez rien connaître de Troupertu, fous ne cheriez pas un tourichte, par hajard?
    - HEIN?! Non, je... Che suis un habitant de Troupertu! Un choyeux chitoyen, oui! Che voulais chuchte férifiér que vous chaviez!
    - HEY LES AMINCHES!!! Y'A UN TOURICHTE ICHI!

    Aussitôt, tous les habitants du village cessèrent leurs activités. Le boucher appuya sur le bouton stop de sa machine à découper le jambon. Deux voisines qui bavardaient avec fougue s'arrètèrent aussitôt et même la poissonière arrêta de découper le poisson. Avec une parfaite et effrayante synchronisation, tous s'avancèrent vers moi, me faisant des propositions.

    - Un tourichte! Cha faijait longtemps!
    - Fenez donc manger chez moi, monchieur!
    - Fenez, che vous tonne ma fille en épouche!!!

    Je m'enfuis en courant. Etonnés, les habitants ne réagirent que tardivement. J'avais une longueur d'avance. Je me précipitai vers le lac à une vitesse olympique. Arrivé sur la berge, j'ai vu avec satisfaction qu'ils avaient abandonné la poursuite.

    J'ai passé le reste de la journée cloîtré chez moi. Je ne ressortirai que demain.

    Je passerai par l'autre côté du lac. C'est un sacré détour.

    Mais je serai tranquille.


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  • Bonsoir à tous. Je ne suis pas d'humeur, car la première journée de mes vacances ne s'est pas passée comme prévu. J'ai vu la maison que je dois habiter et elle est... comment dire... spéciale. Mais mieux vaut tout commencer depuis le début.

    Le voyage en train était particulièrement pénible, ce qui fait qu'en arrivant à la gare de Plaindmoustik-sur-Monparbriz, ma bonne humeur s'était déjà envolée. Le voyage était long et surtout particulièrement ennuyeux, alors pour passer le temps j'ai relu le message que M. Jean Haideux-Hédébel m'avait envoyé pour me décrire la maison. Au passage, j'ai remarqué une faute: la maison était "sur piloti", sans S à pilotis. Tant pis.

    Après une heure de taxi, je suis enfin arrivé au bord du lac Apoulquaud. Peut-être était-il beau, j'en sais rien, une brume masquait toute sa surface et de toute façons j'avais d'autres préoccupations. Rendez-vous compte: j'étais avec tous mes bagages à l'écart de toute civilisation alors que la nuit commençait à tomber. Pour passer le temps, j'ai fait des ricochets. Après une trentaine de lancers plus ou moins réussis, j'ai enfin déniché LA pierre parfaite. Légèrement arrondie, plate comme une figue, légère, agréable à prendre dans la main... je me suis préparé, et... j'ai tout loupé car une voix derrière moi m'a effrayé.

    - Si j'étais vous, je ne ferais pas ça.

    Après avoir vu ma pierre parfaite tomber dans l'eau avec un triste floc, je me suis retourné et j'ai aperçu mon homme, Jean Haideux-Hédébel.

    Il était tout à fait normal, mis à part ses habits. Il était vêtu d'un smocking deux fois trop petit qui laissait apparaître des chaussettes à rayures, et portait un chapeau haut-de-forme démodé depuis déjà 150 ans environ. Il faut croire qu'en tant que fermier, il avait décidé de me mettre à l'aise en adoptant des coutumes qui étaient selon lui citadines. Eh ben c'était loupé. Mais j'ai évité de remarquer son attitude et ai répondu à son ordre.

    - Pourquoi? Les ricochets n'ont jamais fait de mal à personne.
    - Ici, c'est différent; vous avez de la chance. Vous auriez pu les déranger.
    - Déranger qui?
    - Les araignées. Les araignées argentées du lac Apoulquaud.

    Sur le coup, je n'ai rien répondu. Je cherchais la caméra. Mais j'ai vu ensuite qu'il était sérieux.

    - Des araignées?
    - Oui. Elles ne vivent que dans ce lac. Elles vivent au fond, vous avez de la chance, vos ricochets minables n'ont pas dépassé de trop le rivage. Mais à l'avenir, si vous tenez à la vie, évitez de faire tomber quelque chose dans le lac... elles sont très rancunières.

    Inutile de dire que j'étais un peu mal à l'aise. Mais j'ai préféré changer de sujet.

    - Hem... oui... vous me montrez la maison?
    - Ah, oui, la maison... suivez-moi...

    Il m'a amené jusqu'à une barque et m'a invité à monter à bord. J'étais de moins en moins rassuré. Encore heureux qu'il ne m'ait pas fait ramer. Nous avons avancé pendant une éternité - je crois. J'étais de plus en plus stressé: la brume estompait tout. Impossible de dire si nous nous trouvions en plein milieu du lac ou à 10 mètres du rivage. Je n'osais rien dire, j'avais trop peur... et si ce type était un tueur en série?! On ne sait jamais... j'avais tellement peur que je claquais des dents sans m'en rendre compte. Mais Jean Haideux-Hédébel, lui, l'a remarqué et m'a lancé d'un air hargneux:

    - Faites donc moins de bruit! Les araignées vont entendre!
    - Non mais dites donc! C'est pas ma faute! Ca arrive à tout le monde de se tromper! Même à vous!
    - Comment ça?
    - Dans votre message, là... il manquait le S à "pilotis"! C'est honteux!
    - Ce n'est pas une faute...

    Je me suis tu. Il avait un sourire qui me mettait mal à l'aise. J'avais une certaine appréhension.

    Appréhension justifiée.

    La brume se dissipa et je pus apercevoir, au milieu du lac, une maison sur piloti. Sans s. En effet, un minuscule poteau soutenait tout l'ensemble et l'habitation semblait prête à plonger dans le lac à tout instant. Evidemment, j'ai protesté...

    - HEY!!! Y'avait pas ça dans le dépliant!!!
    - Bin quoi? Vue sur le lac, comme promis, originalité assurée... et pour la solitude, vous allez être servi. Allez, on descend, dit-il en désignant la petite échelle de corde menant à l'habitation. Passez en premier.

    L'intérieur de la maison était assez coquet, mais regorgeait de détails incongrus - en tant que petit-fils, arrière-petit-fils et arrière-arrière-petit-fils d'architecte, je sais de quoi je parle. Le lit était au milieu du salon. La cuisine s'arrangeait autour de la baignoire et le chauffage côtoyait les toilettes.

    - C'est quoi comme maison?! C'est tout désordonné...
    - Mais pas du tout! C'est par rapport au centre de la maison... vous savez, pour qu'elle tombe pas... c'est mon ancêtre qui a eu l'idée... vous savez, à l'époque où les impôts payés étaient proportionnels à la surface au sol que la maison...
    - Attendez, attendez! Que voulez-vous dire par "pour qu'elle ne tombe pas"?!
    - Ah? Oui, c'est logique... c'est très fragile, vous savez. Dès qu'on place un objet dans un endroit de la maison, il faut en placer un autre dans le coin opposé, pour rétablir l'équilibre, sinon tout se casse la figure... je vous conseillerais donc de bien égaliser vos affaires lorsque vous vous installerez, et de ne pas rester trop longtemps en un endroit éloigné du centre de gravité. Evitez aussi si possible de trop bouger pendant votre sommeil. Ah, j'oubliais, voici l'ordinateur demandé. Entrez, entrez!

    L'ordinateur en question était vieux. Très vieux. A l'époque où la miniaturisation n'était pas au point. Le disque dur occupait tout un mur de la pièce et tout était poussiéreux à faire se suicider les asthmatiques.

    - C'est une antiquité ce truc!!! En plus il doit peser trois tonnes!
    - C'est pour ça qu'on a placé la baignoire et la chaudière à l'opposé...
    - Il date de Mathusalem!!!
    - Oui, mais il marche! Je l'ai repéré dans un vieux conteneur à ordures du KGB, pendant la guerre 39-45... une nuit mes amis et moi on a tout piqué et...
    - Oui, oui, merci. Je suis fatigué, je voudrais me reposer...
    - Mais bien sûr... houlà! Ca fait un bout de temps que nous sommes ici!! Retournez à la cuisine et n'en bougez plus que lorsque le niveau à bulle sur le mur sera horizontal...

    Je me suis précipité et j'ai attendu. Quand je suis revenu, mon guide s'était éclipsé. Je dois vous avouer que je m'attendais pas trop à ça, mais peut-être que ces vacances seront bien... allez, à demain...

    PS: j'ai rien dit. Je viens de me rendre compte que mon guide est parti en emportant avec lui la seule barque de la baraque.


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  • Eh oui, je vais respecter la tradition et je vais m'offrir une semaine de vacances et de repos afin de faire le point sur ma vie, de méditer... bref, de glander, quoi. Mais vous vous demandez sans doute où je vais passer mes vacances... dans le Sud? En Espagne? Aux USA? Ou même dans les îles paradisiaques du pacifique? Eh bien non... comment dire? J'ai su rester simple...

    Je vais passer une semaine de vacances à Trouperdu.

    Vous connaissez? Non? Pour tout vous dire, je m'y attendais.

    Trouperdu est un village situé au fin fond de la France profonde. Si vous le cherchez sur une carte, sachez qu'il se situe au centre du triangle que forment les villages de Diaublevauvert, Boudumonde et Trifouillis-les-oies. J'ai trouvé une maison pour vraiment pas cher, située à l'écart du village au bord du lac Apoulquaud. Attendez, je vous lis la description: "maison originale, ne faisant qu'un avec le lac, sans voisins embêtants, solitude et tranquilité assurées..." Je sens que ça va être sympa!

    Mais je suppose que vous allez dire: "que va devenir le blog d'Oldi durant une semaine?"

    He bien, rassurez-vous, je pourrai continuer à publier mes messages car j'ai téléphoné au propriétaire de la maison - un monsieur charmant, paysan typique, et rural, j'aime ça, revenir aux sources - et il m'a expliqué. Ce charmant monsieur, Jean Haideux-Hédébel il s'appelle, m'a certifié que la maison disposait d'un ordinateur relié à internet depuis peu. Je pourrais donc vous faire part de toutes mes mésaventures dans ce coin charmant... Bon, je vous laisse, j'ai mes bagages à terminer pour prendre le train qui part demain matin... Ca va être super!!!!

     

    Au même moment, plus de 800 kilomètres plus haut, sur un petit nuage...
    - DIEU: Hé ben il a l'air content...
    - SAINT PIERRE: Ca a l'air de vous ennuyer...
    - DIEU: Et comment! C'est une crapule! Regardez tout ce qu'il a déjà fait: duplication illégale d'objet de valeur, insulte à agent, usage abusif de calembours foireux, destruction de documents compromettants par voie buccale, haleine pestilentielle et offense au paysage! Et je ne vous raconte pas les péchés capitaux...
    - SAINT PIERRE: Et il a échappé à la justice?!
    - DIEU: Voyez-vous même! Il part en vacances!
    - SAINT PIERRE: Vous devriez le foudroyer.
    - DIEU: C'est pas mon job. C'est Satan qui s'occupe des méchants. Tant qu'il est vivant, il s'en tire.
    - SAINT PIERRE: Il mourra bien un jour...
    - DIEU: Mais ce gars a une ligne de vie incroyablement longue, on pourra pas se défouler sur lui avant 80 annnées, au moins...
    - SAINT PIERRE: On peut pas le tuer, mais en attendant, on peut lui en faire baver.
    - DIEU: Lui gâcher ses vacances? C'est une idée. Que proposez-vous, très cher?
    - SAINT PIERRE: Je vais laisser le Destin s'en charger. HEY, LE DESTIN?
    - LE DESTIN: Je viens, j'accours...
    - DIEU: Tu vois le gars, là, en bas?
    - LE DESTIN: L'ado boutonneux à l'air hébété? J'le vois, ouais...
    - DIEU: Tu peux t'en occuper? Il faut lui gâcher ses vacances...
    - LE DESTIN: Pas de problème, mec!  Je peux te dire qu'il s'en souviendra de ses vacances! Super, j'vais enfin pouvoir me défouler!!! On va l'enculer!!!!
    - DIEU: Cher Destin, je trouve votre langage un peu trop familier. Et qu'est-ce que c'est que ce verbe, là... "enculer"?
    - SAINT PIERRE: Vous ne connaissez pas. C'est le mode de reproduction que vous avez trouvé, je crois que c'était le 4ème jour...
    - DIEU: C'est vrai, je ne peux pas savoir ce qu'est se faire "enculer"... les voies du Seigneur sont impénétrables...
    - SAINT PIERRE ET LE DESTIN: Hahahahahahaha!!!! Elle est bonne celle-là!!!


    - OLDI: Bon j'ai tout? Tout va bien: ce sera des vacances inoubliables!


    - LE DESTIN: Tu crois pas si bien dire!


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